lundi 23 mai 2011

Ruisseau

La magie verte agit dès l'entrée dans le domaine de l'eau


Le charme de la cascade, parée de mousses et d'étincelles, laisse croire à l'enchantement et


annonce la verticalité du monde en amont. Mais l'eau, instable, joueuse, irresponsable,


passe de monts en plaines l'esprit  léger et la force inépuisable. Elle forge le paysage à sa démesure, elle sculpte des stries ondulantes comme des fanons de baleine,


elle court suivant son impétuosité libérée, caressant ou frappant la pierre, pour la modeler.



Après une chute maîtrisée et gracieuse,


elle se délasse entre les pierres usées, avec de petits clapotis de plaisir,


elle se faufile dans des goulets, creusant sous elle des gouffres sans fond,


repart en flânant, créant des plages, jouant à la rivière. Elle use tout sur son passage

mais elle sait aussi éviter la pâquerette qui a choisi son lit pour fleurir.

mercredi 18 mai 2011

Mini

Le joli mois de mai ... mois des fleurs ! C'est vrai, iris, pivoines, clématites, les fleurs sont toutes plus belles, plus grosses les unes que les autres. Les jardins ruissellent de couleurs brillantes ...
Mais, entre deux somptueuses, près du sol, se glissent les indomptables ... celles qui reviennent chaque année, qui se sèment toutes seules, qui drageonnent, qui se faufilent ...
Myosotis
Elle sont toutes petites, elles n'ont pas de prétention, mais une obstination sans faille. Elles servent de faire valoir, mais elles mènent leur vie sans histoire à l'ombre des feuilles, qu'elles repoussent avec douceur pour jouir du soleil, elles aussi.
Céraiste, géranium, véronique

Elles compensent leur taille par leur couleur soutenue ... elles semblent nous faire signe ...
Lithodora

Elles savent s'associer pour former des tapis variés, et on ne peut pas ne pas les admirer, tant formes et couleurs s'accordent.
Myosotis et Montia siberica
Saponaire
Certaines sont sauvages, elles viennent  des prés voisins. D'autres ont été reçues, au tout début du jardin, d'autres encore - je l'avoue - sont ressemées par mes soins, chaque deux ou trois ans, pour ne pas manquer ces festons qui parsèment le jardin de couleurs fraîches et inattendues.
Fraisier
Et dans mon pays de champs et de forêts, voilà qu'est apparue, portée par le vent ou par quelque oiseau, la reine des murailles sèches, qui a trouvé dans un coin de gravier, le pays à coloniser ...
Cymbalaire, Ruine de Rome
J'ai découvert l'année passée une petite merveille, la Montia Siberica, qui a pour vocation de survivre à l'ombre du chêne et d'égayer ce coin aride. Mission accomplie ce printemps où elle fleurit abondamment. et me comble de ses corolles géométriques, aux tons roses ou blancs ...
Montia siberica
J'aime ces petites fleurs ... toutes. J'admire chez les autres les jardins bien ordonnés, avec des plantes bien séparées les unes des autres par du terreau sombre,  mais chez moi, je suis incapable de gratter une plantule que je ne connais pas, ou qui deviendra une fleurette ... j'ai donc un jardin fouillis, où les plantes se poussent du coude dans un joyeux charivari. Elles ne gagnent pas toutes à ce jeu-là, mais les petites tirent leur épingle du jeu  !

mercredi 11 mai 2011

Ragots

Ce matin tôt, je suis descendue au jardin et j'ai entendu son murmure ... un peu surprise, tout de même !

Ah, ma chère, venez que je vous dise ...

Vous avez vu les nouveaux, ce matin ? Lui,  tout frais ... un peu prétentieux, non ?

Et elle, là, vous la connaissez ? Elle s'étale un peu trop, pour une nouvelle !

Remarquez, quand on voit, celui-ci qui a à peine un jour, tout es permis, que voulez-vous !

Elle ? oh, elle n'en a plus pour longtemps ... à force de parader, elle finira bien par laisser tomber son jupon ! Enfin, moi, pour ce que j'en dis ...

Remarquez que celle-ci, elle est plus discrète, mais enfin ...

Si elle est comme l'autre, là-bas ... modeste, mais toujours pour trouver la meilleure place au soleil !

Bon, regardez l'autre là,  maintenant, elle met des broches ! On aura tout vu !

Remarquez que si c'est pour séduire ce vieux barbon, je lui souhaite bien du courage, il n'en a plus pour longtemps, lui non plus !

Bon je vous laisse, faut que je file, d'ailleurs, on a de la visite ... l'a pas l'air de bonne !




lundi 9 mai 2011

La fraise

Inconditionnelle des fruits - je n'en connais pas un que je n'apprécie pas - j'aime ... la fraise ! Pas plus que la cerise ou la pomme, mais "sa" saison étant naturellement très courte, je résiste mal à ça :


Oui,oui, je sais, les premières "étrangères" ont moins de goût, sont moins sucrées, sont trop ... pas assez ... Rien n'y fait ! Après deux ou trois semaines de résistance, je range les armes et je craque pour la cagette !

Je ne me lasse pas alors, de la regarder, de la palper, de la renifler ... jusqu'à ce que je la croque. Mais j'en choisis une, je la pose sur une assiette : petite décoration de cuisine,

et si je ne peux me décider pour la plus belle, j'en prends trois. Qui pourrait les départager ?

Je sais le travail qu'elles demandent ces fausses simples, la peine qu'elles exigent de leurs éleveurs, ayant eu des parents cultivateurs. Est-ce pour cela que j'apprécie leur goût sucré, un peu aqueux, la résistance des alvéoles sur la langue, puis la chair tendre - dans le meilleur des cas ? Le coeur des pleureuses n'y fera rien, - "les nouvelles variétés ne sont pas comme les anciennes, il n'y a plus de vraies fraises" - je trouve toujours mon bonheur, même si toutes ne sont pas aussi parfumées que je le souvenir des fraises "maison".

C'est beau, non ? Ca ne vous fait pas envie ?

Quant leur parfum emplit la cuisine, il faut les manger et ce qu'il en reste me sert à faire des salades toutes simples, à peine un peu de sucre, et pour exacerber leur saveur : une tombée de vin blanc (recette familiale), ou une giclée de jus de citron, ou encore une cuillère de fleur d'oranger.

La saison est à son apogée en Méditerranée, chez moi elle est encore en fleurs, mais mon envie ne faiblira pas avant qu'elles ne soient mûres !

jeudi 5 mai 2011

Histoire d'une tulipe

Ce n'était qu'un oignon quelconque, perdu au milieu d'une quinzaine d'autres, tous semblables ... Cette tulipe avait commencé sa vie comme presque toutes ses consoeurs en Hollande, choyée, nourrie ... En novembre, après deux mois sur les étals d'une grande surface, elle n'avait pas trouvé preneur, aucun jardinier ne l'avait remarquée ...



J'achète souvent des bulbes à meilleur prix ... pour le défi, pour ne pas laisser perdre, parce que j'aime en avoir tant et tant. Je l'ai donc plantée très tardivement, et je l'ai oubliée, tout le temps du gel et de la neige.

Au printemps, les tulipes ont sorti leurs pointes vert tendre, elles ont grandi, les boutons se sont formés : normal ! Mais elle, ma tulipe, s'est ouverte avant les autres, elle était plus grande , plus belle ....

Du 11 avril au 2 mai 2011
En bordure, elle a profité de la chaleur dégagée par les pavés, elle s'est développée comme une merveilleuse, sa jupe virant du rouge vif au pourpre ... Oh ! Elle l'a fait savoir qu'elle se sentait très belle, elle s'est faite admirer, jouant de tous les artifices : couleurs, larmes, et battements de cils ...




Mais finalement, sa robe s'est déchirée, et la pluie son ancienne alliée a eu raison de sa superbe ...

3 mai 2011
Longtemps après ses consoeurs, elle a régné sur ce coin de jardin.  Je vais la bichonner jusqu'à l'année prochaine, et peut-être pourrai-je vous donner des nouvelles de cette championne en avril 2012 !

dimanche 1 mai 2011

Ail d'ours ou muguet ?

Dans ma région, il n'est pas habituel que le muguet soit fleuri pour le 1er mai. Mais cette année, je me fais un plaisir de vous en offrir un brin, tout frais, tout blanc ou tout rose, à votre choix - le parfum est le même !


Une légende urbaine - du moins, j'espère que c'est une légende - veut que chaque année, les cueilleurs d'ail d'ours, néophytes en botanique, meurent d'une ingestion de muguet qu'ils avaient pris - les ballots - pour de l'ail d'ours.
C'est à dire que croyant manger ça :

ils mangent ça :

Voyez vous la différence ?
Bon, je vous l'accord, on ne mange pas l'ail d'ours quand il est en fleurs et on peut se dire que les nouvelles feuilles se ressemblent, mais que font-ils de leur nez ? Quand on marche en forêt au printemps, l'odeur de l'ail en devient parfois écoeurante ...

L'ail d'ours dans mon jardin envahit un talus, sous les buissons, et chaque année, il parfume pendant un mois mes salades et mes grillades. Sa saison est courte, car dès que le premier bouton apparaît, ont dit que l'acide qu'il contient devient à son tour "poison". 


Sa petite fleur en étoile est toute délicate mais son odeur n'est pas des plus agréables, ce qui me gâte le plaisir du bouquet. Par contre, cette année, j'ai préparé un beurre d'ail d'ours que j'entends servir sur les grillades jusqu'à la fin de l'été ...

Ingrédients
250 gr de beurre 
Deux grosses poignées de petites feuilles d'ail d'ours
sel, poivre

Sortir le beurre et le laisser ramollir 
Hâcher finement au couteau les feuilles d'ail d'ours
Mélanger au beurre, ajouter sel et poivre selon votre goût
Rouler dans un fil alimentaire 
Laisser durcir au réfrigérateur
Le lendemain, couper des rondelles fines et les faire congeler séparément sur un plateau...
Le tour est joué !


Par sorcier, ni sorcière, hein ?