jeudi 31 mars 2011

Avant la mer

Nous repartons dans la montagne et passons un petit col qui a des allures de grand ... avec ses montagnes enneigées, tout là-bas.

Les pins, seigneurs de ces Alpes du sud, jalonnent les petites routes qui s'ouvrent devant nous, au gré de nos envie et qui nous mènent à travers plateaux et ravins. Nous nous arrêtons souvent, pour un paysage,  pour une fleur entre aperçue, pour un pin plus beau, nous semble-t-il, que les autres ...

De petits villages s'égrènent, un peu endormis ... Là aussi, nous nous arrêtons, parcourant la rue principale, faisant le tour de la place de l'église ...


ou parfois, d'ailleurs, l'heure n'est pas la même, si l'on vient de l'ouest ou si l'on vient du nord!
Les gens se saluent ici, comme dans notre région, et ils n'oublient pas de saluer les étrangers que nous sommes, ce que j'ai rarement vu chez nous ! Leur amabilité accroît  notre sentiment de douceur de vivre.

Après bien des tours et détours, nous arrivons à Peillon, le village "déclencheur" de cette virée dans l'arrière-pays

Il est magnifiquement restauré, et nous nous empressons de nous faufiler dans ses ruelles, toutes prétextes à photos, dans l'enchevêtrement des maisons qui semblent s'agripper les unes aux autres, pour mieux résister à la pente ...

Pas âme qui vive, même pas de chats ... seuls deux garçons caracolant sur les marches se disputent et leurs cris se répandent dans tout le village ... Un marteau reprend son travail, et son tambour lent accompagnera notre balade un peu sinistre dans ce village mort, qui semble être n'habité que par des vacanciers estivaux !

Oh, la beauté était au rendez-vous, et nous avons aimé nous perdre, admirer les pierres, les architectures, une plante parfois, mais le sentiment de musée à ciel ouvert a perduré ...
A la sortie du village, nous admirions une clématite qui illuminait une tonnelle et la jardinière flattée est venue parler fleurs, vantant son jardin petit et très soigné ... Moment délicieux dans l'après-midi finissant, et tout d'un coup je réalisais que cette expert en fleurs et en vieilles pierres avait l'accent anglais !

Pas de mimosa à Peillon, mais ce n'est pas un mimosa qui fait le printemps :


lundi 28 mars 2011

Matin soleil

Du fond du lit, derrière les rideaux tirés, le chant de la rivière, des pinsons et des merles, la première voiture, les premières conversations : la vie reprend.  Poser les pieds sur le carrelage glacé et découvrir le rose dans la montagne.

Un premier café dans le brouhaha des discussions, amertume passagère et tonicité, le matin nous attire à l'extérieur. Les pêcheurs sont déjà installés  ... La petite ville s'étire derrière nous dans une brume légère.

Nous repartons dans la montagne, pour la visite d'un village perché entre aperçu la veille. La rivière se la joue bleu des mers du sud au fond du précipice ... 

et au bout de la route serpentine, le village de Saorge apparaît.

L'air est calme, un peu frais, et nous allons par les ruelles, remarquant quelques fleurs ici et là, au hasard des flaques de lumière. Les chats attendent sur les pas des portes peu effarouchés de notre passage : la saison touristique commence ! Le village vit sa vie, les gens vont à leurs occupations et nous sommes étonnés de découvrir des primeurs dans des rues si étroites que l'on aurait de la peine à se croiser ! 

Tout est fait ici pour résister à la pente et ... au soleil ! Nous aussi, on se la joue sud ... 

prétextant une visite de l'église baroque, comme aux heures de la canicule ... 

Nous serons mieux adossés à son mur externe, sur la placette, laissant le temps s'égrener ... lézardant à souhait ! 
Rappelez-vous, ce n'est que le printemps !

dimanche 27 mars 2011

Sud

Pourquoi le sud attire-t-il tant de gens du nord ? Pourquoi le sentiment de la chaleur est-elle si intimement lié à l'idée des vacances ? On peut en débattre, trouver des raisons sensées ... mais rien n'y fait, j'y succombe annuellement avec délices ! Dès que la douceur printanière nous laisse espérer le renouveau, une envie de voyages, de découvertes, de balades me prend l'esprit et avec effervescence j'imagine  vagabondages et nouveaux paysages... J'aime ces petits intermèdes de quelques jours ...


C'est comme un rite joyeux : l'arrêt pour le café traditionnel, la conversation avec une jardinière qui nettoie les dégâts de la neige encore proche, l'air frais de l'altitude, la montée jusqu'au tunnel : il faut  passer la barrière de l'hiver ...

Puis dévaler,  la longue vallée, entre des villages de pierre et de bois collés contre la montagne pour emmagasiner le soleil, jusqu'à la plaine immense perdue dans la brume, tout en bas ...
Consulter les cartes, discuter de l'itinéraire, chercher "la" petite route qui se faufile dans les paysages sans nous faire perdre la direction du sud, la pause pour se dérouiller les jambes, avaler un café fort au bar animé dans les éclats d'une langue étrangère et familière tout à la fois : rituel immuable et qui me rend agréable la route elle-même.
Les premiers arbres en fleurs, le vert des champs, les près inondés, les usines au loin et les Alpes dans le lointain qui scintillent, comme une couronne éclatante de blancheur.

Un hôtel avenant au centre d'un village, puis la promenade dans les restanques bordées de romarin fleuri, le long de la rivière ...

 Le manège incessant des bergeronnettes sur la berge, le vol lourd d'une abeille, les violettes dans le talus nous le disent : le printemps est là !
D'ailleurs ... il nous attendait, au coin du chemin !

lundi 21 mars 2011

Le chemin de l'étoile

C'est un endroit que j'aimais, pas trop sauvage, mais à quelques dizaines de mètres de chez moi. Tous les printemps, je vais y voir fleurir les hépatiques et les sylphides ... en pestant contre les détritus laissés par les promeneurs et les sportifs, chaque année plus importants ... Mais, la végétation avait encore son charme, les buissons de noisetiers, les jeunes hêtres, les taillis de ronces, les vieux arbres permettaient à toute une petite faune de survivre, là, tout près des lotissements.
Ce soir, je voulais voir si le printemps avait atteint le centre de la forêt... "Coupe de bois" annonçait un grand plastique jaune de mauvais augure : déjà, un gros véhicule avait creusé des sillons dans les bords du chemin ... Les buissons ont disparus, coupés ras, les herbes sont piétinées et les ronces arrachées.

Je voyais plus loin les troncs tombés, les branches des sapins et des pins au sol, et plus j'avançais, plus le désastre se confirmait.

 Beaucoup d'arbres abattus, et beaucoup d'autres avec de sinistres marques, éraflés par la chute des premiers, condamnés d'un coup de pinceau rouge ...




L'âme féline des lieux me suivait, belle princesse rousse, seule consolation dans ce paysage dévasté. Nikos, puisque c'est son nom, me montrait le chemin jusqu'au monstre qu'elle avait dompté.

Elle n'alla pas plus loin, savourant sa nouvelle possession, me laissant poursuivre jusqu'au champ des hépatiques ...


L'étoile bleue était là, frémissant sous le vent et dans la lumière du soleil, entre des troncs tombés, écrasée parfois par des pieds distraits, mais le miracle mauve avait eu lieu, envers et contre tous.


Et les sylphides déroulaient leurs feuilles


Les ronces bourgeonnaient


Les jeunes frênes agitaient leur toupet


Le printemps était bien là, mais aurais-je le courage de revenir ? Combien de temps faudra-t-il pour que ce sentier dit botanique et protégé reprenne un visage aimable ? Les hépatiques profiteront-elles du surplus de lumière et coloniseront-elles d'autres pentes ? La forêt saura renaître, j'en suis sûre, mais lui laissera-t-on le temps de vieillir ?



lundi 14 mars 2011

Canal

Comme un paysage de Mer du Nord, dans la rumeur des goëlands de passage, là-bas, derrière la roselière, le chemin suit le canal


Le jeu des ombres, la silhouette des arbres, le canal miroir de la brume


Troublant ce monde entre terre et eau, le sillon des foulques


alors que ceux-ci sont déjà fort occupés et très discrets


L'appel vibrant et sonore du grèbe encore solitaire, surprenant d'intensité dans ce monde ouaté



La grâce légère, vestige d'une gloire passée


et partout, les lignes des chattons de l'aulne se jouant du gris ambiant